
« Pourquoi reconnaître des droits à l’animal implique-t-il nécessairement qu’on l’identifie à l’homme ? En dépit de nos différences, ne peut-on pas tout simplement lui accorder le droit de vivre, d’exister ? » – Théodore Monod
En mars et avril dernier l’activité humaine s’est faite très discrète, voire même inexistante dans certains endroits rendus inaccessibles par les mesures Covid. Les nuisances sonores ont très fortement diminué (article Le Monde) , la pollution de l’air a chuté (les niveaux de dioxyde d’azote et de particules fines ont baissé respectivement de 40 % et 10 % en avril – Le Monde), les déplacements humains ont été limités, certains pratiquement à l’arrêt (avions, trains…). Aujourd’hui, deuxième confinement, il devrait en être de même.
SI le confinement met en danger la survie ou la vie même de nombreux animaux (Part. 1 mis en ligne le 30/10), il peut être bénéfique à d’autres.

Les conséquences positives à court terme
Certains effets positifs n’auront été et ne seront que de courte durée, car évidemment, la reprise de l’activité humaine met un terme à cette « parenthèse enchantée » comme la décrit Le Point.
Cela nous aura cependant permis de vivre ce que serait une cohabitation paisible sur terre, dans les airs et dans les eaux entre les hommes et les animaux. Face à l’émerveillement de nombre d’entre nous face à ces retrouvailles, ne peut-on espérer qu’il y ait eu une prise de conscience. Pourquoi pas !
Un monde nouveau pour la biodiversité
Des canards dans les rues de Paris, des sangliers dans celles de Barcelone, des chèvres en ville au pays de Galles… Depuis le début du confinement, qui concerne plus de la moitié de l’humanité, les animaux reprennent leurs droits dans des villes désertées par les humains. En Sardaigne, l’arrêt du trafic maritime a permis d’observer des dauphins venus s’aventurer jusque dans les ports. À Paris, la chute drastique de la pollution sonore permet d’entendre les oiseaux chanter. Et dans le parc national des Calanques, les agents ont pu observer depuis un mois des dauphins, des puffins ou encore des hérons à une fréquence et une densité « inédites ». Début avril, ce sont même deux rorquals – deuxième plus gros animal du monde – qui se sont invités près des côtes. Le Point.
Dans la capitale, la chute des pollutions de l’air, sonore et lumineuse « permet par exemple aux oiseaux de mieux réguler leur rythme journalier, d’avoir moins de stress », explique Pénélope Komitès, adjointe à la maire de Paris en charge de la biodiversité et des espaces verts.Le Point. Le confinement nous a également permis de prendre le temps de les entendre, d’autant qu’ils y ont mis du coeur, chantant beaucoup plus que d’habitude se fatiguant moins à forcer leur chant pour se faire entendre. Le Point
Les animaux des parcs animaliers
« Sans les visiteurs, ils sont plus calmes, ils s’approchent plus facilement car ils n’ont pas le stress du bruit des visites. Nous, on a plus de temps à leur consacrer, on peut les observer, contrôler les installations. » – Coralie Schweutzer, soigneuse animalière Parc Argonne Découverte. Olizy-Primat. France 3 info

Les conséquences positives à moyen terme
Le confinement a permis à certaines espèces animales de vivre une trêve dans la traque qui leur est faite, d’évoluer et de se reproduire en toute sécurité. Cette pandémie aura également permis le renouvellement d’espèces animales en voie de disparition.
Les animaux sauvages de nos campagnes (la chasse, la pêche)
Seul point positif concernant les animaux regroupés sous le terme de gibier, est que les dérogations accordées en masse par les préfectures en mars, avril et lors de ce deuxième confinement * n’ayant pas mis dans la ligne de mire l’ensemble des espèces animales pouvant être chassées, ces confinements auront permis d’en sauvegarder un certain nombre (pour combien de temps ?), d’autant qu’en mars et avril a lieu le début de la reproduction de nombreux animaux sauvages. L214.
Les poissons ont eux été épargnés en littoral par une baisse drastique de la pêche, les bateaux ne sortant quasiment plus en mer par peur des contaminations à bord mais aussi par manque de débouchés, les restaurants, marchés et cantines étant fermés. La France insoumise. On peut penser qu’il en est de même aujourd’hui.
En ce qui concerne la pêche de loisir, si elle était interdite lors du premier confinement, elle est aujourd’hui autorisée mais dans le cadre des déplacements brefs, dans la limite d’une heure quotidienne et dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile,… Les poissons de nos eaux douces peuvent donc espérer échapper à l’hameçon… encore un petit peu.
*La chasse avait été suspendue au début du confinement de mars/avril au grand dam des chasseurs…. qui avaient finalement eu gain de cause avec l’appui de nombreuses préfectures, lesquelles, de dérogations en dérogations, avaient permis que des chasses puissent être organisées, sous le contrôle des préfets, à destination des espèces « susceptibles d’occasionner des dégâts aux cultures et aux forêts, et dont la population doit être régulée** ». Cela concernait essentiellement le sanglier et le chevreuil. Certains préfets ont également cédé aux petits plaisirs des uns et des autres : le mouflon en Haute-Marne, le chamois en Saône-et-Loire, la palombe dans le Lot-et-Garonne, le Grand cormoran en Loire-Atlantique… et beaucoup autorisent le massacre des animaux considérés comme « nuisibles » (ESOD), comme le renard, la martre, ou encore le corbeau freux. Aujourd’hui, deuxième confinement, ces mêmes dérogations sont accordées. 30 Millions d’amis. **Rappelons (article 30 millions d’amis) que nombre de ces animaux proviennent d’élevages pour être ensuite relâchés dans la nature afin d’être pourchassés et tués.
Moins d’animaux victimes de la route

Du fait du ralentissement de la circulation, il a été constaté moins d’animaux morts sur les routes, notamment les hérissons et les crapauds.
Plus d’insectes et, hélas pour eux, une aubaine pour leurs prédateurs naturels
En cessant de faucher et de tondre la flore sur la voie publique, on a également protégé un certain nombre d’insectes qui y vivaient et on leur a permis de boucler leur cycle naturel. Université Sorbonne. L’augmentation du nombre d’insectes signifie plus de nourriture pour les oiseaux dont la population se régule naturellement en fonction des ressources alimentaires à leur disposition. En laissant pousser la végétation, il peut y avoir aussi plus d’escargots dans les plantes et donc plus de nourriture pour les hérissons. Certaines municipalités avaient bien avant les confinements entrepris la végétalisation de leur ville, d’autres suivent le même chemin. Saluons Périgueux qui vient de créer « un permis de végétalisation » . De quoi s’agit-il ? Lire ici
Reproduction et réapparition d’espèces en voie de disparition
La réduction de l’activité humaine aura permis aux espèces animales (hors chasse) de se reproduire sans danger et aux petits de rester en vie. Cela a particulièrement était bénéfique aux espèces en voie de disparition.
À Hong Kong, le nombre de dauphins blancs est en hausse depuis le confinement. Une bonne nouvelle pour cette espèce en voie d’extinction dont la population a augmenté de 30% depuis mars. . En Algérie, le guépard saharien, félin disparu des radars depuis dix ans, a été de nouveau repéré en mai dans un parc culturel du sud du pays. La genette ainsi que la hyène rayée ont également réapparu. 20 minutes

Les conséquences positives à long terme
La covid 19 a précipité la prise de décisions sanitaires allant dans le sens des animaux et sans doute permis à certains combats de la protection animale de faire un bond en avant.
Consommation d’animaux sauvages – Chine
En Chine, l’épidémie de coronavirus a poussé le gouvernement à interdire la vente et la consommation alimentaire d’animaux sauvages : une véritable avancée ! Cette interdiction vise notamment l’ensemble des marchés, des épiceries et des ventes en ligne. Pour ce qui est du commerce d’animaux sauvages à des fins médicinales, de recherche ou comme animaux de compagnie, un système d’approbation strict et des procédures de quarantaine devraient être mis en place. L214. Le pangolin désigné comme responsable de la transmission du virus est désormais l’animal le mieux protégé en Chine.
Les corridas – Les spectacles avec animaux sauvages

Si les pertes économiques subies du fait du manque de clientèle ont malheureusement mis en péril de nombreuses structures du « spectacle », on ne peut que s’en réjouir concernant celles qui vivent de la souffrance animale.
La corrida n’a connu de telles crises que pendant les Guerres mondiales. Depuis le début du mois de mars, et jusqu’en mai, une centaine de spectacles qui devaient avoir lieu ont été annulés. La Provence. Les associations de défense des animaux voient en cette crise le moment idéal pour freiner cette pratique : “La tauromachie est confrontée au moment le plus critique de son existence.[…] Nous avons une opportunité unique de construire un monde sans corrida”.
Les cirques. Les associations de défense des droits des animaux, n’ont eu de cesse d’alerter dès le début du confinement la ministre de l’écologie, dénonçant les conditions dramatiques dans lesquelles sont détenus les animaux dans les cirques durant cette période de confinement. Le 29 septembre, la ministre de la transition écologique annonçait que « la présentation d’animaux sauvages dans les cirques itinérants va être progressivement interdite en France, ainsi que la reproduction et l’introduction de nouveaux orques et dauphins dans les trois delphinariums du pays ».
